Franz Xaver Messerschmidt

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Projet personnel d'une application mobile dédiée à la mémoire du génial sculpteur autrichien, regroupant sa biographie et l'intégralité détaillée de ses oeuvres.

Date : 2013

QUI ÉTAIT FRANZ XAVER MESSERSCHMIDT ?
Franz Xaver Messerschmidt est un sculpteur germano-autrichien du XVIIIe siècle. A dix ans, son oncle le prend en apprentissage dans son atelier de sculpture, alors le plus important de Bavière.
Son parcours se passe admirablement, il s'inscrit à l'Académie des beaux-arts de Vienne et son talent lui vaut toutes les bonnes grâces. A la fin de son apprentissage, Messerschmidt se spécialise dans le portrait et réalise avec une grande virtuosité technique celui de François Ier, de l’impératrice de Hongrie Marie-Thérèse et autres personnalités des Lumières viennoises. Il enseignera même à l'académie royale de Vienne.
Tout semble lui sourire jusqu’en 1771, où Messerschmidt montre certains troubles psychiques : le sculpteur ne reçoit plus de commande et se retrouve isolé. C'est alors qu'il commence à sculpter ses célèbres têtes expressives. Ces troubles affectent son comportement et vont amener l’Académie à se séparer de lui. Son ami Friedrich Nicolai a ainsi écrit que l'artiste se disait persécuté par des esprits qui le faisaient souffrir moralement et physiquement, notamment dans le bas-ventre et les cuisses.
Blessé, Messerschmidt quitte Vienne et s’achète une cabane dans les environs de sa ville natale, dans laquelle il continue sa série de tête de caractère. À la fin de l’année, il part pour Munich où on lui promet des commandes et une situation. Mais l'artiste prend conscience que sa tentative d'implantation à Munich est un échec et s'achète une maison près de Vienne. Il continue de travailler à ses têtes et reçoit peu de commandes.
Reclus et abandonné, il finit par mourir en 1783 d’une brève maladie, vraisemblablement une pneumonie. Sa série des 69 têtes de caractère est récupérée par son frère se séparera de plusieurs œuvres et vendra à un cuisinier un ensemble de quarante-neuf têtes.


EN QUOI SON OEUVRE EST-ELLE INTÉRESSANTE ?
Il aura fallu attendre la fin du XIXe siècle et les premiers travaux de S. Freud pour voir réhabiliter l’œuvre de Messerschmidt, dont l’interprétation bascule alors du rire au tragique. En 1932, Ernst Kris, un psychanalyste, publie un article retentissant, fondé sur le récit de Nicolai, dans lequel il estime que l’artiste était atteint de schizophrénie. D’autres contesteront cette hypothèse, préférant parler d’épisodes paranoïaques en faisant observer que l’artiste, jusqu’à la fin de sa vie, a continué à réaliser des commandes officielles.
Mais si Messerschmidt souffre d’une problématique psychique, son œuvre aux nombreux visages bâillonnés nous montre aussi une censure. La censure d’une époque où la parole n’était pas libre ou plutôt libérée. Il faudra attendre un médecin viennois un siècle plus tard qui aura le génie d’écouter ses patientes pour les soulagés de leur frustration. Non pas comme Charcot sous l’effet de l’hypnose, mais en pleine conscience.
Son travail nous montre un homme souffrant de son mutisme, qui semble contraint presque forcé au silence et prêt à exploser ou imploser.
L’œuvre « L’homme qui bâille » est une de ses dernières œuvres. Elle nous montre un cri déchirant, mais sourd ne se libérant aucunement. Les plis du coup représentent une onde de choc interne qui se dissout sur la surface de sa peau, comme une pierre jeter au lac, le son absorbé par l’eau s’étend d’abord en ondes qui finissent par disparaître. Toute la problématique de Messerschmidt devenue inaudible s'exprime dans un cri muet qui s’écoule sur son coup en petites vagues. Ce silence touche, car il rapproche de ce que nous pouvons vivre en nous-mêmes. Un cri muet qui ne résonne qu’à la surface de notre corps.
Aujourd’hui la parole peut aider à soulager tout à chacun. Grace à la psychanalyse, on sait que parler de ces problèmes aide. Mais cent ans avant Freud quand était-il pour Franz Xaver Messerschmidt et ses contemporains ? Franz sculptera le cri sourd d’un homme contraint au silence par une société contraignante. Jamais un artiste dans une œuvre n’a crié aussi fort sans n’émettre aucun son.


Romain Lasnier, Paris, FRANCE // Graphist Designer & Illustrateur professionnel